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dE tRAVERS
31 décembre 2019

Souvenir 122

          Kev retrouve Nabila et Benzema, ils évoquent Iris et les différentes soirées avec Gandhi. Plaza et sa meilleure amie évitent les balles à blanc du world wide web national, jusqu’au prochain acte. A ce moment précis, influenceurs et you-toubeuses, influenceuses et you-teubeurs placent leurs produits dans des instantanés bien cadrés et filtrés qu’Instagram enregistre et surveille. Miss France 2020, année que nous ne vivons pas encore, se déploie comme un vautour prompt à se nourrir des carcasses laissées par hasard ou par calcul. Sharon et Kate ne pensent foutrement rien du reste de leur monde et pleurent. Sylvie, heureuse, elle seule sans doute, télécharge ses magnifiques clichés sur la toile qu’aucune araignée ne fréquente, sinon elle. Les Français uploadent et trient les tops de leur année. Les Français se trient et s’étrillent. Beigbeder réanime son image par une diatribe inutile et dont personne n’a que foutre, ou alors peut-être 99 millièmes de seconde durant parce qu’elle a fini par être relayée. Qu’il survive en silence cet ersatz d’auteur maudit plus récompensé par les putes et les verres que par les muses et les poètes. Ophélie, Gad et moi concluons de cette année noire différentes choses… Sauf qu’Ophélie et Gad méritaient mieux vraisemblablement au vu de leur capacité à créer du plaisir pour les autres, sauf qu’ils ne récoltent pas mieux. Et donc voilà la page « divertissement » de Google, nouveau dieu, qui se balaie d’un coup sec de poignet. Pas mieux qu’une masturbation sur YouPorn ou dans les toilettes publiques d’un lieu de travail.

Et pourtant, ils ne cesseront de tenter encore et encore, de trouver tous les subterfuges pour habiter ces pages quotidiennes d’un quotidien dont ils n’ont que faire. Les démons sont plus nets que les impostures, car ces premiers observent au moins une seule et unique règle, à savoir, hanter les vivants, tandis que les autres entretiennent un jeu complexe, se nourrir des vivants et des vitrines, s'enrichir de notoriété en célébrant la proximité. Donc, de liens en liens, je glisse d’inutilités en inutilités, de choses qui pourraient – si le monde tournait bien – sembler factices et stériles et qui pourtant remplissent des pages et des consciences à plein pot. Suicide-toi, me permets-je. Suicide ta foutue vie aussi mal entourée. Kev, Sharon, Ophélie, Benzema, Joey, Beigbeder, allez danser ailleurs que dans mon enfer pour qu’il soit plus biblique et moins artificiel ; que les brûlures méritent d’être ce qu’elles sont et que les crevures de votre espèce envahissante ne fourmillent plus et n’éveillent en aucun un seul soupçon d’empathie déviant vers la sympathie. Oh ma mère, si tu voyais comme le monde se rétrécit alors que les appétits croissent ainsi que les followers. Oh ma mère comme le monde semble promis à un avenir si imbécile et blasphémateur. Beigbeder et Madonna pleureront encore sur leur sort, pendant que je pleurerai sur ta tombe après mon père et mon frère jour après jour, jour après jour, jour après jour.

Et la brume froide d'un trente décembre moribond s'abat devant mes yeux sans mieux soulager ma tête que des décilitres d'alcool. Et un véhicule noir sans bruit efface ces mauvaises minutes de l'année.

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