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dE tRAVERS
28 octobre 2020

Il gronde ce bruit annonciateur - ceux qui ont

          Il gronde ce bruit annonciateur - ceux qui ont vécu près des voies ferrées l'identifieront, pour les autres, je vais tâcher de leur faire ressentir -. C'est sans doute davantage les gaines qui vibrent de l'intérieur et dansent qu'autre chose ; c'est scandé, une tension métallique qui se fige par à-coups dans la nuit tombée, pluvieuse et ventée. Forcément, il faut que tout cela soit venté. Un souffle urbain et frénétique de début de nuit morne et calme, dont je me souviens de nombreux exemples. A cette heure de l'indécision collective et de l'étourdissant rythme cardiaque de la ville, viennent les plus absurdes et abruptes autant que les plus lucides notions de la vie encore là.

D'un inoffensif animal, et d'une simple et naturelle bactérie auparavant, s'étirent des chaînes de réactions les unes toutes aussi plus dingues que les autres. L'essouflement des dépenses et des compulsifs errants du vingt-et-unième siècle résonne fort, et lourd. Les doutes du capitalisme ancestral voguent de plus en plus et cognent nos idées endiguées. Le fil des jours se tasse. Les envies plus rares, du moins les grandes, ne se confrontent plus aux jalousies éprouvées. Nos envies se purifient tout sompteusement. La peur de se sentir inactif et inoffensif, comme l'animal, domine petit à petit la résilience tant espérée par nos têtes pensantes, bien ou mal. Le choc, qu'il ne faudrait probablement plus éviter, n'est pas l'absence de distanciation sociale. Le choc ressenti est l'absence de consommation sociale.

La vie a avancé suffisamment loin pour nous transformer en machine programmée qui, lorsqu'elle se rouille, se rend compte qu'elle ne vaut plus rien puisqu'elle ne sert plus aucune idée. Nos programmes nous ont dénudé comme des fils de l'homme ; pincés entre deux dogmes, dépecés, nous nous sommes enfin avoués n'être qu'adorateurs enthousiastes, ou moins mais quand même, d'un style de vivre. Peu ou prou, pays face à pays, nous avons glissé massivement dans la suave base de la facilité. Et quand est arrivée la crise, alors nos plus vrais instincts ont compris qu'il était venu le temps de se réveiller et de reprendre le contrôle.

Les mots assassins ont rejailli de nos gorges, les relans nationalistes avortés d'une amnésie du mondialisme ont sali la nappe de nos tables, les troubles comportements tribaux ont fondu sur nos suggestions intellectuelles... Voilà qu'en deux ou trois actes, nés d'une nature a priori mal portante mais bienveillante, se brossait la prochaine décade : dans une lutte contre nous même, nous n'allions décider qu'à nous éliminer entre nous.

[...] Je sors sur ce maigre territoire gagné au dehors : un balcon de béton et ferraille. Je dois associer d'abord un filtre, une feuille et un peu de tabac et aller prendre un air qui apaisera au moins mon angoisse. Vivre de vieux rêves dans un corridor moquetté rougeâtre où se vautrent femmes nues en bas noirs, enfants heureux mais rarement, et quarantenaires en panique.

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