Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
dE tRAVERS
15 juillet 2013

La surface supérieure des rails, brillante comme

La surface supérieure des rails, brillante comme une lame à force de subir les allers-retours des wagons, m'aveuglait en ce matin de juillet. Matin au parfum d'asphalte chaud et de déodorants lourds dont on abuse le lundi. Matin quotidien, englué dans la réalité. La nouvelle tombait à mon arrivée en bord de mer, le maire se représentait, C'était le constat évident que la beauté fane la créativité et qu'avec ellle, l'audacieux se transforme en automate. Réfléchissant à ce principe, je sirotais le café lyophilisé qu'on arrose d'eau chaude et agrémente le plus souvent d'un sucre pour diminuer son mauvais goût. Les beautés s'assument et surtout nous rassurent.

Les yeux qui nous glacent, les décolletés qui nous submergent, les fesses qui nous hypnotisent n'ont rien de bien sismique dans le fonds. Tout cela joue dans l'instant et de l'instantané, une fois admirées, ces choses s'effacent et attendent d'être remplacées par une énième paire de seins ou de fesses fragile devant l'éternité, un regard qui finira pas se ternir par la méchanceté, l'amertume et la jalousie, voire la fébrilité cérébrale.


J'appliquais le même principe à l'esthétique d'une ville, d'un site ou d'une zone. Plus l'ensemble est pourvu, plus l'ensemble aspire à être déchu. On se contente de nos contemplations, elles alimentent, tel un gavage d'animal, le syndrome d'auto-suffisance, et de ce bouillonnements d'émotions positives et narcissiques, on passe au marasme spirituel et à l'impasse. Rien ne naît de la satisfaction et de la stagnation, la rondeur d'une poitrine s'érode comme du granite, la verge se démystifie, la beauté appelle la nullité.


En fin de journée, alors que le soleil tapait toujours les carreaux de nos prisons contractuelles, j'aspirais à autre chose. J'exigeais savoir comment on passe de l'autre côté. Là où se libèrent le pourcentage restant de notre âme, de notre énergie humaine. Ce pourcentage dissimulé par notre servitude, étouffé par notre matérialité. L'addiction à la surface extérieure qui brille mais qui s'use est en effet aveuglante.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité