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dE tRAVERS
12 janvier 2012

Une guerre arrive. Notre ciel ne ressemblera plus

        Une guerre arrive. Notre ciel ne ressemblera plus jamais à ce que nous voyons maintenant. Les légèretés en temps grave n’existeront plus, mais après un certain temps, je l’espère, elles pourraient revenir. Que les choix de cette année se soient bien ou mal passés, ils n’auront aucune incidence quand tout ce qui nous entoure sera impliqué et influencé. Des frontières se déchireront, des familles aussi. Le passé, notre quotidien, leur paraîtra bien doux et goûteux en saveur. Leur horizon sera de simplement réussir à vivre et leurs habitudes d’essayer d’oublier l’horreur. Ils passeront les jours les uns après les autres en les conjurant et en les craignant. La jeunesse prendra sa source dans la ruine et le chagrin et il bouillonnera en elle la soif d’en finir et de retrouver le moment  où on accepte l’autre.

En attendant, chaque matin quand je me lève, je regarde souvent la façade d’en face à peine éclairée par le point lumineux qui va tranquillement grandir. J’entends sur les ondes que nous sommes divisés, que notre gouvernement agit, que les gens réagissent, que les opinions éclaboussent, que les difficultés sont de plus en plus difficiles, que les Européens ont de quoi se plaindre, que les révolutions au loin sont de moins en moins intéressantes à suivre, qu’on oublie beaucoup les morts en ce moment, sauf les nôtres. Et quand je me reconnais entier dans le milieu de la journée, concentré d’être éveillé, fatigué d’être étourdi, alors je me dis que nous sommes tous de connivence. Que nous tendons tous vers cet événement. Pour quelles raisons, je l’ignore et je n’ai pas les connaissances pour le savoir. Dans quelles directions ? Là, je trouve des réponses. Il est 23 heures et la ville s’endort petit à petit. Beaucoup traînent encore. Et dans leur grandissante solitude, ils se disent que ce monde est en train de nous enfermer, tous ensemble certes, mais enfermés tout de même. Et qu’il va être de plus en plus difficile d’en sortir, qu’il y aura de moins en moins de clefs à trouver et de portes à ouvrir pour se sentir respirer dehors. Ensemble, nous créons notre gigantesque tumulus, nous le construisons par étape et cela prend du temps, mais il s’agit bien de cela que nous édifions : notre tombe glorieuse et immémoriale. S’il suffisait d’accuser pour s’en sortir, ce serait injuste et lâche. Personne n’est à punir, mais presque tout notre monde s’est élancé, élancé vers la falaise et s’attend à la chute.

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Commentaires
L
Nous nous sommes trompés.
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