Ma vie se reflétait dans le petit cylindre de
Ma vie se reflétait dans le petit cylindre de whisky placé devant moi. Et j'attendais quelque chose. Un bruit sec qui, en me faisant sursauter, m'avertirait d'anticiper les angoisses et contractions pré-mortem. Je sirotais de temps en temps. Histoire de ne pas tout vider trop vite et comme une hyène ravie de sentir l'odeur du cadavre au loin. La couleur pisseuse s'harmonisait parfaitement avec la brûlure qui étreignait ma bouche. J'avais caché des centaines de secrets dans ma tête. Et ils souhaitaient sortir tous en même temps, cognant, percutant et martyrisant la boîte qui les avait privés de la douceur de vivre. Je sirotais pour me calmer. Je sirotais et étalais ma graisse sur le dossier vieilli de mon fauteuil. La fumée s'évacuerait bientôt aussi de mon corps, mais pour l'instant je gardais mon briquet à proximité de la main droite. L'anesthésie globale n'était pas possible, je le savais. Je ne voulais voir mon reflet dans aucune glace ce soir. Je ne me crisperais pas.
Le verre à moitié vide. Le bruit fut soudain, comme je le prédisais. Et les éclats de bois et de plâtre comme de la mitraille concentrée et amalgamée pendant plus de trente années de virages serrés. Je devinais un mélange inédit, un précipité jamais concocté quand le rouge dégoulina du bord transparent et imprégna le Single Malt. Mes secrets allaient pouvoir s'échapper du trou précisément apparu. Et j'allais me désintégrer presque entièrement libéré.