Évite la nostalgie l'ami. Tout cela ne sert qu'à

Évite la nostalgie l'ami. Tout cela ne sert qu'à allonger des séries de phrases dans des recueils mélancoliques et chiants à mourir. Il est certes plus confortable de pétrir des mains le passé bien moulu que de fixer des yeux le futur inconnu, je te l'accorde. Mais en fin de parcours, je ne te garantis pas que c'est le confort et le "ça allait" qui compteront. Et puis tu auras justement à l'orée de ta mort bien le temps de ressasser, de pardonner et regretter, d'abjurer et de conjurer rancœurs et responsabilités, de tricoter avec le reste de ta salive à peine oxygénée et de tes dents usées des souvenirs un peu tordus mais si régénérants pour la famille... Pour le moment, malgré le flou incroyable qui règne pour toi, je préconise de fuir en avant. En théorie, il ne pourrait s'agir d'une fuite. On fonce en arrière quand on fuit. Sauf que si tu ne crains rien, tu peux fuir en avant... J'en suis persuadé. Veux-tu que je le répète... Tu dois fuir en avant. D'accord, certains me rétorqueront qu'il ne s'agit pas alors de fuite, mais plutôt d'une précipitation, d'un élan... Vu que je suis ouvert, je veux bien te forcer à te précipiter là où tu ne connais rien, à t'élancer dans le vide que des lianes finiront bien par remplir. Saute à pieds-joints dans le prochain train et évite de ponctuer ta vie de cette racine grammaticale indigeste qu'est le "re-".