5 mars 2022, une ambiance s'est glissée dans mon

          5 mars 2022, une ambiance s'est glissée dans mon couple davantage que dans ma famille depuis quelques temps. 5 mars 2022, hier, j'ai vu sur mon écran des enfants nouveau-nés dans les couloirs et sous-sols d'hôpitaux en Ukraine. 5 mars 2022, installé ou même plutôt affalé dans ce fauteuil que je trouve absolument moche bien que je sois conscient que c'est ma voix qui a compté lors de l'achat, je tente d'amplifier mon intelligence. 5 mars 2022, Emmanuel Macron tient le rôle principal d'un clip de campagne. L'angle est plus de trois-quart que de face, l'optique est proche de la chair et des articulations musculaires, verbales et faciales, le bleu étincèle. Emmanuel Macron joue la pleine force de son rôle. Il semble exprimer une compréhension de ceux qu'il gouverne. Emmanuel Macron est haletant dans sa déclamation. Il tient son crayon, vise cette feuille, mise sur cette farce. Les dorures l'enveloppent, les dorures l'enrobent. Emmanuel Macron tutoie le président russe, il vouvoie les Français, il terre ses erreurs et fait taire nos doutes. Les taux ont changé. Les taux modernes de l'Europe pointent au loin derrière la guerre. Emmanuel mime une scène réelle. Il porte sa chemise blanche, son visage est ciré de certitudes. Il a dressé ses oies pour hurler aux premières nouvelles. Je sirotte mon Indian Tonic de Schweppes dans sa cannette métallique. Emmanuel a sa double vie qui le vrille. Emmanuel pense à mon petit-fils ou ma petite-fille, aussi mon fils. Sa lettre dégouline d'uranium appauvri, sa lettre aura brûlé quand les mégafeux dévasteront mes héritiers, sa vision aura cessé quand les fumées des mégafeux ou des centrales nucléaires explosées auront répandu leur nuée noire sur nos têtes. Emmanuel cligne les yeux, sensible à la gravité des choses. Il signe pour la France qui saigne pour rien. Il scie la branche, il sème le foin.