Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
dE tRAVERS
2 avril 2009

Les saturations incommodent. A 12h03, je me

Les saturations incommodent. A 12h03, je me courbe et ramasse le sac par les poignées. Je l'enfile sur l'épaule droite, comme souvent et toi tu restes là à côté de moi sans broncher. Dehors on entend les klaxons du début de soirée et le climat est bon. Il n'y a plus rien à se répéter et pourtant, je déclare comme un robot bien huilé que tu m'as gâché mes dernières années. Tu commences à pleurer. Je saisis plus fort les poignées du sac. Les klaxons se multiplient, font écho aux battements de nos cœurs qui un temps furent accordés. Maintenant ils battent fort contre la peau comme s'ils voulaient sortir et se ruer sur l'ennemi découvert. Ce sont des porcs. Tes larmes coulent à l'aise. Je tourne la clé du trousseau. Pendant que tu assistes à une drôle de fin de phase dans ta vie, je sens l'acidité du système digestif remonter. Je déglutis un peu. Dehors il fait nuit. Je vomis d'un coup comme après une intoxication. C'est affreusement long. Soudain, je me souviens la fois où j'étais rentré plus tôt que prévu et avais constaté qu'un événement que tu allais caché à tout jamais s'était déroulé ici, à partir du seuil de cette porte. Est-ce alors ce seuil qui a tout pourri et tout gâché ? Est-ce le moment où nous étions trop heureux le point de départ ? Et je visualise que rien n'a été répandu sur le sol et que tout m'aspire vers le noir. Je me vois en sens inverse. C'est maintenant un reflet qui prend vie. Tu es en train de vomir dans les toilettes et je pleure. Ma cigarette se consume et dehors il n'y a aucun bruit, pas une voiture. Tu portes une robe noire, des bas et ce fameux foulard qui te va si bien. Je me retourne vers la porte de la salle de bain et je sens une présence. Je continue d'avancer dans le couloir. Et j'entends. J'entends un souffle mâle. J'ouvre. Et la vision m'effraie. Les brumes m'enveloppent et m'immobilisent. La chose angoissante m'a gueulé au visage. J'ai senti son haleine chaude et salé. Le voilà qui s'approche et dégaine ses griffes jaunies et sales. Il ressemble à une créature d'un autre siècle. Ses poils recouvrent son corps entièrement et le sang qui coule de son sexe inonde le sol. Il tient entre ses dents un morceau de ton cœur, il l'avale et il le mâche progressivement. Je perçois ton cri. La bête me crache son festin et se met à ricaner comme un loup-garou peut le faire. Je vais m'effondrer au moment où ses serres se plantent dans mon thorax et m'explorent. Cela transperce mon cœur qui ne demandait qu'à vibrer comme le tien. Je sombre aussi en criant mal une dernière fois.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité