J'allais encore une fois répandre un liquide
J'allais encore une fois répandre un liquide noirâtre et visqueux sur la table et je suis parti ranger la vaisselle. La durée d'intervention fut suffisamment longue pour que lorsque je revienne, une fois posé sur l'assise de cette chaise, j'interpelle ces raisons de me sentir si veineux et irrité. Je repris alors.
Un brin de vent de Saône me revenait à l'esprit. Une excitation passagère vers 16h30 ce vendredi, chaque vendredi. Cette reconnexion après une première soirée qu'on avait avortée pour la deuxième soirée, je m'en souvenais. Cette lapée de bière servait à humidifier la bouche empâtée d'herbe fumée. Ce faisceau perpétuellement envoyé en direction de votre enfant en requérant la liberté aussi d'être soi s'épurait. Cet arpège du climax musical de sa vie passant au fond du brouhaha aimé, mais supporté. Ce fantôme-souvenir d'une courbe de femme s'étiolait, mais lentement, au fur et à mesure de mes mois payés. Le souffle du cap sur son visage avait sonné la complétude de mon coeur. Les riffs de guitare contradictoires sur le premier morceau du deuxième album de Miossec, l'acoustique romantique contre l'électrique passionné. La rue du Général Nicolet s'animait la nuit lorsqu'il fallait dormir grâce aux arbres. Ce septième niveau sur le Sacré-Coeur lors des fins de semaines ceinturait nos années. Le sms perdu d'une nuit, amouraché et sûr de m'y accomplir.
Alors en repensant à ce signal perçu dans une retrouvaille de 9 ans surplombée d'un ciel d'Ille-et-Vilaine clair et frais, j'ai eu l'encre gaie et philosophe. Sans éprouver quelconque nostalgie, ni rechercher l'once d'une jeunesse assumée, tout cela m'a semblé acquis et tatoué. Rilleur, je conduisais sur une rocade plutôt vide et les enseignes toujours allumées dansaient sur mes fenêtres. Derrière un homme montait en ressentiments. Les monstres font des monstres, mais je lui apprendrai qu'on ne sait finalement pas qui sont les monstres.